Lloyd Mondory abandonné par le peloton
Saint-Amand-Montrond s’éveille, les commerçants du marché se cherchent des clients. Un peu comme Pascal Chanteur. Le président de l’UNCP (le syndicat français des coureurs cyclistes) saute de bus en bus pour délivrer son message. Objectif, que les équipes, notamment françaises, manifestent leur soutien à AG2R et envoient l’un des leurs aux côtés de Samuel Dumoulin, quand ce dernier délivrera un message à l’ensemble des médias à 10 h 45.
Amaël Moinard : « Un acte inconscient et individuel »
Sauf qu’ils ne sont pas venus, excepté Amaël Moinard (BMC), pourtant sous pavillon américain. Le Manchois s’en est d’ailleurs étonné, lâchant, dépité, au moment de s’éclipser : « Solidarité de merde dans le vélo ! » Auparavant, face à une foule de micros, Moinard a justifié sa présence. « Nous sommes offusqués d’un nouveau cas de dopage lourd. Un acte inconscient et individuel qui jette l’opprobre sur tous les coureurs car les gens font vite l’amalgame. Ça peut toucher n’importe qui, n’importe quelle équipe » prévient-il. Les mots font parfois froid dans le dos. « Aujourd’hui, c’est AG2R, mais on n’est jamais sûr de personne. On ne peut pas avoir 100 % confiance en ses adversaires comme en ses collègues. »
Quelques minutes plus tôt, Samuel Dumoulin, jambes chancelantes, timbre de voix grave, en tant que porte-parole des coureurs AG2R, a délivré un message sans complaisance sur celui qui était encore hier son coéquipier. « Toutes ces années à se battre pour redorer notre image qui, une nouvelle fois, vient d’être ternie par l’inconséquence de ceux qui préfèrent croire qu’en trichant on est plus grand plutôt que d’avoir l’humilité d’accepter leurs faiblesses. »
Un à un, les coureurs d’AG2R vont émarger. Peine partagée ou faux-semblant, ils reçoivent la plupart du temps une tape amicale de leurs adversaires, accompagnée « d’un courage ». Le moment est à la compassion. « Je ne voudrais pas être à leur place »,lâche un directeur sportif. Assurément, Mondory n’avait pas que des amis. « La vérité, c’est qu’il n’était pas aimé du peloton. C’est quelqu’un de hautain ! » pour l’un d’entre eux. « Je ne l’ai jamais senti. Ni lui, ni son entourage »,rajoute un autre.
Un peu plus loin, Vincent Lavenu joue avec son téléphone. « J’ai reçu autant de messages qu’au soir d’une victoire sur le Tour. » Pas de félicitations, mais de soutien. « Cela fait chaud au coeur », rajoute le manager de la formation savoyarde, nouvel abonné de Twitter. Le manager de l’équipe AG2R confirme toujours s’interroger sur son devenir. « Je n’ai pas pris ma décision. »
« Le profil du gendre idéal »
De Lloyd Mondory, il reste des textos échangés sur les coups d’une heure du matin. « Il est sur la même ligne de défense » regrette Lavenu, persuadé qu’un avocat bien intentionné a certainement déjà frappé à la porte du coureur. « Trois cas (de dopage), trois Français, fait soudainement remarquer le créateur de l’équipe AG2R. Des mecs bien propres sur eux, presque tous avec le profil du gendre idéal. Et ils te font un petit dans le dos ! Peut-être suis-je trop affectif. On l’a toujours soutenu, malgré les blessures. »
Mondory, toujours muré dans son silence hier, avait en effet prolongé son contrat de deux ans, l’été dernier.La précarité n’est donc pas une circonstance atténuante. « Il dispose d’un bon salaire. De toute façon, si à chaque fois qu’un contrat s’arrête, ça doit nous tomber sur la tronche, on n’a pas fini ! On va faire des CDI. » La suite sera juridique et sans pitié.
Source : ouest-france.fr
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